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Dans les années 1970, la crue des eaux du Pekuakami (lac Saint-Jean) menace d’engloutir une partie de la rue Ouiatchouan à Mashteuiatsh, suite à la création des barrages qui allaient faire de ce lac, un réservoir. Il y avait urgence d’agir. La solution, construire un mur de soutien pour limiter cette progression.

Une fois le projet réalisé, ce tronçon situé au coeur même de la communauté des Pekuakamiulnuatsh avait besoin d’être embelli, décoré. Les travailleurs de l’époque avaient alors opté pour des mats totémiques à l’image des Premières Nations de l’Ouest canadien. Les élus de l’époque ont rapidement constaté que ces mats totémiques, bien que révélateurs de la présence des Premières Nations sur ce territoire, n’étaient pas représentatifs de la culture des Pekuakamiulnuatsh. Il fallait trouver une solution qui allait être à la fois représentative et durable.

C’est à ce moment qu’est apparue l’idée d’ériger des tentes de béton inspirées de celles construites en territoire par les nations nomades algonquiennes au cours des derniers siècles. Cette idée de base était désormais retenue.

Plusieurs travailleurs de la communauté ont donc été embauchés pour concrétiser le projet, dont Denis Blacksmith qui, par un talent inné en dessin, allait y ajouter une touche personnelle. Le thème des saisons allait ainsi être abordé sous forme de bas reliefs apposés sur les tentes de béton, à l’image des dessins gravés sur de l’écorce de bouleau réalisés par les fabriquants de canots et de contenants en écorce.

M. Blacksmith se met à l’oeuvre. Il dessine alors les différentes saisons sur des croquis qu’il soumettra aux concepteurs du projet. La réponse est immédiate et unanime : il faut apposer ces dessins sur les tentes de bétons, sous formes de bas reliefs.

Après plus d’une année, le projet a été conduit à terme. Depuis ce temps, les tentes de béton ornent cette partie de la rue Ouiatchouan, et elles sont visibles par tous les passants, y compris ceux qui arrivent par le Pekuakami. Avec le temps, les tentes de bétons sont devenues de véritables symboles de l’identité de la Nation des Pekuakamiulnuatsh et elles seront à cet endroit pour encore bien des années puisqu’elles ne sont presque pas affectées par de quelconques détériorations.

Tel que mentionné précédemment, les bas reliefs représentent les saisons. Cependant, chez les Pekuakamiulnuatsh il n’y a pas quatre saisons, mais bien cinq saisons. La cinquième saison, c’est le pré-printemps, un temps de l’année particulièrement important qui correspond à la période de dégel des rivières et des lacs, ramenant aux campements d’été, les familles qui avaient passé l’hiver sur un territoire s’étendant entre la ville de Québec au sud, la Côte-Nord à l’est, les territoires cris au Nord et les territoires atikamekw à l’ouest. Cette saison a pour nom shikuan, les autres étant mikushkamu (printemps), nipin (été), takuatshin (automne et pipun (hiver).

Et comme il y a quatre structures de bétons sur le site, la cinquième saison se trouve intégré à l’édifice principal de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, l’organisation politique et administrative qui gère la Nation des Pekuakamiulnuatsh.

Pour Denis Blacksmith, cette réalisation est une véritable fierté bien qu’il avoue avoir eu de l’aide pour concevoir le projet, entre autre, le soutien de son beau-frère, Alan Grégoire, qui cachait également un talent marqué pour ce genre de dessins. Ils ont ainsi fait équipe pour mener à terme ce projet représentatif pour la Nation.

En place depuis une quarantaine d’années, les tentes de béton ornent toujours ce tronçon de la rue Ouiatchouan à Mashteuiatsh, à l’endroit même où durant des centaines voir des milliers d’années, les Pekuakamiulnuatsh débarquaient après de longs séjours en territoire. Ce lieu particulier est d’ailleurs situé directement sur ce qui fut appelé « la route des fourrures », première véritable artère commerciale du pays.