Madeleine Basile et Alain Castonguay caressaient depuis bon nombre d’années, le projet d’offrir de l’hébergement à une clientèle touristique, dans la petite localité de La Bostonnais, en Haute-Mauricie où ils possèdent un terrain d’une superficie de près de 80 hectares. Elle, une atikamekw survivante des pensionnats indiens, lui, un passionné de la forêt et des grands espaces, ont finalement réalisé leur rêve, celui de créer un domaine pour accueillir les visiteurs, en leur partageant leurs connaissances issues de deux cultures différentes.

C’est donc le 28 mai dernier, sur le site du Domaine Notcimik à La Bostonnais, qu’avait lieu l’inauguration officielle de cet immense lieu de ressourcement, situé en pleine nature boréale et dans un décor qui effleure l’accès aux grands espaces. En présence de plusieurs invités et dignitaires, le couple Castonguay-Basile était fort heureux de procéder à la présentation de leurs activités. Nous leur avons rendu visite le 9 juin dernier alors que le domaine accueillait un groupe du Centre de la petite enfance Petits Pas de La Tuque.

Notcimik signifie « Là d’où je viens ». Pour Madeleine Basile, cela veut tout dire. Ses origines atikamekw de Wemotaci (communauté située à une centaine de kilomètres du domaine) sont très présentes un peu partout sur le site. Dès notre arrivée, un immense tipi très coloré sert de porte d’entrée sur les grands espaces. On y fait notamment des activités liées à la culture atikamekw, mais aussi aux cultures autochtones en général. Quand elle parle de ce lieu très privilégié, c’est avec le sourire aux lèvres qu’elle le fait et on sent toute la fierté qu’elle dégage, en exprimant le sentiment d’être allée au bout de ses rêves. « Mon conjoint Alain a travaillé plus de vingt ans dans l’aménagement de ce site, en plantant pas moins de 50 000 arbres. Nous voulons préserver ce site pour y diffuser la culture atikamekw et nous sommes particulièrement fiers de cette réalisation ».

Les visiteurs pourront donc venir se ressourcer dans un milieu naturel et sécuritaire. Et lorsqu’il est question de ressourcement, c’est de réconciliation dont fait allusion Madeleine Basile. « C’est dans notre mission de travailler en ayant à l’esprit la réconciliation et en 2016, c’est important de briser les préjugés et de faire connaître qui nous sommes ». Selon elle, la réconciliation n’est pas seulement liée aux pensionnats indiens; c’est la réconciliation avec soi-même et avec la Terre-mère, et le Domaine Notcimik offre tout ce qu’il faut pour permettre au visiteur d’avoir accès à cette réconciliation, celle qui conduit à la véritable guérison.

Le Domaine Notcimik offre de l’hébergement, mais se défend bien de n’offrir que cela. C’est davantage une expérience qui se traduit par un séjour dans un monde millénaire avec les commodités contemporaines. Même s’il y a quelques emplacements réservés au camping avec ou sans service, les différents types d’hébergement (tentes prospecteur et autres) de même que le projet d’ériger prochainement un Shaputuan, viennent confirmer la vocation profonde du site et l’espoir d’offrir quelque chose de différent afin de satisfaire aux exigences des visiteurs venant de partout. Enseignements, partage d’expériences, cours de langue atikamekw, sont autant de manières de partager ces incommensurables connaissances.

Marc-Aurèle Bellemarre et Annie-Sophie Petiquay, deux jeunes originaires de Wemotaci, donneront un bon coup de main au couple Castonguay-Basile lors de cette première saison d’opération. Pour Alain Castonguay dont les origines québécoises et métisses sont omniprésentes, la présence des deux cultures est fondamentale au bon fonctionnement du domaine. Il s’est intéressé à la forêt alors qu’il était très jeune et depuis 40 ans, il partage sa vie avec Madeleine avec qui il est copropriétaire du site. Mère de 4 enfants et quatre fois grand-mère, Madeleine Basile a vécu en forêt où elle a acquis les valeurs de partage, de respect et d’amour de la nature. Elle travaille depuis 2004 au Conseil de la nation Atikamekw à titre de coordonnatrice d’un programme relié aux pensionnats indiens. En 2010, elle a été nommée pour siéger au comité des survivants des pensionnats indiens à la Commission de vérité et réconciliation du Canada.

Le site est désormais ouvert et accessible aux visiteurs qui voudront vivre cette expérience unique, ce ressourcement et cette réconciliation. On peut visiter leur site web au www.domainenotcimik.com et y faire directement une réservation.

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