Le poète pekuakamiulnu autodidacte Édouard Itual Germain n’aura pas vu son rêve de publication se réaliser avant son décès tragique survenu en novembre dernier. Il aura fallu que ses filles Christine, Lucie et Mélanie mettent la touche finale de ce qui aura été le premier et le dernier livre de l’homme.
Natif de Mashteuiatsh, et bien connu dans le milieu pour ses implications, Édouard Itual Germain (Katekiashka) a vécu avec sa famille sur le territoire de ses ancêtres jusqu’à l’âge de six ans. Il a ensuite été envoyé au pensionnat de Fort George, sur les rives de la baie James. Coupé de sa famille, il s’est tout de même accroché aux principes dictés par son mu-shum (grand-père), soit de ne jamais oublier sa langue et sa culture. En 2009, le poète pekuakamiulnu a suivi un atelier d’écriture avec Joséphine Bacon et Laure Morali et participé à l’exposition Tipatshimun / À l’art, à la création, en 2013.
« Reflet d’une période som-bre, celle des pensionnats autochtones, Ni kistisin / Je me souviens évoque avec lucidité les fractures qui s’inscrivent dans le cœur et le corps des enfants dépossédés de leur culture et de leurs racines », peut-on lire dans le descriptif de la maison d’édition Hannenorak. « Bien que la douleur préside à l’écriture des poèmes, ceux-ci sont indéniablement porteurs de douceur, de tendresse et d’espoir », ajoute l’éditeur.
En préface au recueil de 82 pages, les filles du poète ont exprimé leur fierté : « C’est le coeur rempli d’émotion que nous avons décidé de poursuivre le rêve de notre père... Il était si heureux et si fier de pouvoir réaliser son rêve de publier Ni kistisin / Je me souviens. » Après des remerciements, elles ajoutent : « Selon nous, Ni kistisin est l’héritage des nombreuses années de travail de notre père et est dédié aux survivants des pensionnats autochtones ainsi qu’à leur descendance. Ce recueil se veut un périple vers la guérison. Ces blessures se doivent d’être connues pour se rappeler ce pan de l’histoire canadienne encore méconnu et qui doit être enseigné. »
Traversé par les murmures du vent, par la fluctuation des eaux de la rivière et par la mémoire, ce recueil posthume tend vers un désir de transmission, de filiation et invite à la célébration de la vie.
Le livre est publié aux éditions Hannenorak de Wendake et paru officiellement le 30 mars 2021. À lire!