Ce projet a débuté à l’hiver 2021 alors que Raphaëlle Langevin découvrait le bonheur et les inquiétudes liées à l’arrivée de son premier enfant. « Ma fille Théa n’avait que quelques mois lorsque j’ai réalisé qu’elle n’avait pas réellement de statut Indien et que je ne savais même pas si elle y avait droit. Ma fille est née et grandit dans la communauté mais pourrait ne jamais pouvoir faire partie des Pekuakamiulnuatsh à cause du cadre gouvernemental actuel. »

L’exposition explore la transmission culturelle et identitaire au féminin, mais aussi le rapport au statut Indien selon les générations de femmes.

À la même époque, la marraine de Raphaëlle, Patricia, débutait des recherches généalogiques sur la lignée familiale de ses grands-parents maternels. Constatant l’omniprésence du masculin dans l’identité du nom et la généalogie, elle souhaitait redonner aux femmes tous les honneurs qui leur revenaient.

« Notre idée était tout de même claire dès le départ. On voulait représenter les générations de femmes toujours vivantes de notre lignée par des sculptures grand format et faire revivre l’esprit des femmes des générations passées en réalité augmentée », nous dit Raphaëlle Langevin, artiste-designer de mode et propriétaire de Matsheshu Créations.

Cette ligne de conduite, les artistes l’ont suivie du début à la fin de leur processus créatif et elles sont toutes deux très fébriles à l’idée de présenter leur première exposition solo, en duo. « Ce sont les femmes de notre lignée qui ont permis la transmission culturelle de l’ilnu-aimun (la langue) et l’ilnu-aitun (la culture) de génération en génération. Elles ont su porter et perpétuer les pratiques traditionnelles au sein de leurs familles », souligne Patricia Langevin, étudiante au Baccalauréat en arts visuels nouveaux médias à l’Université du Québec à Trois-Rivières.

« C’est par l’art que nous invitons les membres de la communauté ainsi que les visiteurs à réfléchir et discuter, en famille et entre amis, des enjeux actuels et des possibilités d’avenir liées à la transmission de la langue et de l’identité culturelle des Pekuakamiulnuatsh », conclut Raphaëlle Langevin.

Cette exposition est présentée grâce au soutien financier de la Société de développement économique ilnu, du Conseil des arts du Canada et du Musée Ilnu de Mashteuiatsh, ainsi qu’à l’appui de leurs partenaires de création COlabinnovation sociale et culture numérique d’Alma, la Boîte Rouge VIF et Kamishkak’Arts. L’exposition Aianishkat / De génération en génération se poursuit jusqu’au début mai 2024.