Le caribou a besoin de vastes parcelles de forêts matures et anciennes qui permettent aux caribous de se séparer de leurs prédateurs. Les perturbations de l’habitat comprennent les utilisations des terres par les industries telles que l’exploitation forestière, minière, pétrolière et gazière, ainsi que les « éléments linéaires » comme les routes.

Le 26 août dernier, le chef de la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh, Gilbert Dominique, s’est exprimé devant le Comité permanent de l’environnement et du développement durable qui mène des audiences sur le projet de décret d’urgence visant la protection du caribou forestier en vertu de la Loi sur les espèces en péril. Il a rappelé l’urgence d’agir et la nécessité d’une intervention fédérale considérant l’inaction du gouvernement du Québec.

Dans un communiqué émis suite à cette présentation, le chef Dominique a insisté sur le fait que le décret est une mesure exceptionnelle, que la véritable solution passe par la Stratégie pour le caribou promise par le gouvernement du Québec depuis plusieurs années. Il a par ailleurs déploré l’absence de spécialistes scientifiques lors des audiences.

« Nous en sommes là à cause de l’inaction du Québec et le gouvernement fédéral a l’obligation d’intervenir. Le Québec n’a jamais, autrement que par des paroles, démontré son intérêt à protéger l’habitat du caribou et nous croyons que des mesures fermes, sérieuses et immédiates doivent être prises dans l’attente de la mise en œuvre de la Stratégie du Québec », a déclaré le chef Dominique.

Le vice-chef et conseiller désigné Droits et protection du territoire, Jonathan Gill-Verreault abonde dans le même sens soulignant que la question n’est pas de mettre en opposition la protection du caribou et les emplois dans l’industrie forestière. « Nous sommes à un point tournant et nous devrions tous, collectivement, chercher à promouvoir un équilibre entre la biodiversité, le respect des droits des peuples autochtones et le développement économique. Il s’agit d’assurer un usage responsable des ressources naturelles pour le bénéfice de nos générations futures », a-t-il précisé.

Pour la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh, il est souhaité de travailler avec les autres ordres de gouvernement dans la recherche de solutions qui misent sur un véritable équilibre entre la protection du caribou et les activités économiques.

« La protection d’Atiku n’a pas à être synonyme de la fragilisation du développement économique, au contraire. Nous sommes sensibles aux réalités économiques des acteurs du secteur forestier et le caribou n’est nullement responsable. Il faut cesser d’être dans le déni et prendre acte de la situation réelle, avec un regard objectif et scientifique. Des efforts collectifs s’imposent afin de revoir l’aménagement forestier pour qu’il soit réellement durable tout en protégeant la biodiversité », a ajouté le chef Dominique.

Rappelons que le décret est un règlement qui, une fois approuvé par le gouverneur en conseil, protégera des zones ciblées du meilleur habitat disponible pour les populations de caribou. Le décret interdira les activités qui contribuent à ces menaces imminentes. Si le Québec devait mettre en place des mesures de protection concrètes qui permettraient au ministre de conclure que l’espèce ne fait plus face à des menaces imminentes à son rétablissement, le gouverneur en conseil pourrait, à la suite de la recommandation du ministre, retirer le décret.

Le dépôt de la stratégie pour les caribous forestiers et montagnards du Québec a été reporté à de nombreuses reprises au cours des dernières années. Le gouvernement du Québec n’a présenté aucune stratégie globale et l’espèce fait toujours face à des menaces imminentes à son rétablissement.