Le 27 août dernier, un magnifique spécimen d’Atik (caribou forestier) a été aperçu, photographié et filmé à la hauteur des Passes dangereuses, secteur Sapins croches. L’animal semblait en excellente santé, calme et en parfaite symbiose avec son environnement.
Dans la culture innue, la transmission des savoirs et des connaissances se fait lors de contacts directs avec les ressources sur Nitassinan. Atik est à la base de notre culture et de notre mode de vie. Il a assuré notre subsistance pendant des siècles.
Selon le mémoire présenté par Pekuakamiulnuatsh Takuhikan et le Conseil de la Première Nation des Innus Essipit à la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards en mai 2022, les Innus réservaient une fonction particulière à chaque partie de l’animal, que ce soit pour la nourriture, la confection de vêtements, de raquettes, d’outils ou de jeux. Sa chasse a donné lieu à la mise en place de systèmes de collaboration entre les individus et entre des groupes, souvent familiaux, contribuant ainsi à la transmission de valeurs d’entraide, de partage et de respect. Il a aussi alimenté nos récits et légendes.
Il existe un grand éventail de termes se rapportant à son écologie, sa physiologie, son comportement et sa place dans la spiritualité. C’est donc l’ensemble du mode de vie des Premières Nations innues qui était et est encore intimement lié à cet animal. Voilà pourquoi il est une priorité absolue pour nos Premières Nations que cet héritage puisse être perpétué pour les générations à venir.
Encore de nos jours, Atik occupe une place importante pour les Innus, et ce, même si la relation avec l’animal a dû changer en raison de sa précarité.
Le caribou forestier a disparu du sud de Nitassinan au début du XXe siècle et sa population n’a cessé de diminuer dans la partie nord au cours des dernières décennies.
Les membres de notre Première Nation ont rapporté une baisse marquée de ces populations à la fin des années 1980.
Le recul graduel des populations a eu un impact direct sur le maintien de notre culture et sur la pratique d’ilnu-aitun et par conséquent, sur nos droits ancestraux. Les effets se font sentir bien au-delà de la simple récolte à des fins alimentaires, c’est la transmission même des savoirs et le shashish Nelueun (langue du territoire) qui eux aussi font partie de notre culture distinctive qui sont en voie d’extinction parallèlement à celle de cette espèce.
En 2003, nous avons pris les dispositions nécessaires au code de pratique de la chasse au gros gibier en interdisant le prélèvement de cette espèce sans toutefois appliquer à nos utilisateurs qui occupent le territoire de façon permanente.
S’il venait à disparaître, c’est une partie de l’identité des Pekuakamiulnuatsh qui disparaîtrait avec lui.