Le 18 janvier dernier, la ville de Joliette dans la région de Lanaudière procédait au changement de noms de deux rues dans le quartier St-Paul. L’une de ces rues devenait la rue France-Robertson en mémoire de cette femme de Mashteuiatsh qui a tant fait pour cette région en implantant un Centre d’amitié autochtone. Le nom de la rue remplace celui du Père Florian-Bournival des Clercs de Saint-Viateur. C’est en présence de ses enfants, Gabriel et David, de son conjoint Ti-Guy, de sa mère Jeannette Siméon-Robertson, et d’une centaine d’invités et d’amis que l’inauguration a eu lieu au coin de la rue qui porte désormais son nom.
D’entrée de jeu, Sabrina Paton, coordonnatrice culture au Centre d’Amitié Autochtone de Lanaudière (CAAL) a pris la parole pour introduire les invités qui ont été nombreux à honorer la mémoire de France Robertson de Mashteuiatsh, décédée en 2017. Elle a mentionné qu’elle était entrée en fonction au CAAL la veille du décès de France, et que c’est elle qui l’avait embauchée.
Le maire de Joliette, M, Pierre-Luc Bellerose, a souligné l’importance de la cérémonie : « C’est un événement bien spécial. C’est le comité de toponymie de la ville de Joliette qui a pris la décision et le nom de France Robertson s’imposait. C’était une femme qui était très respectée dans la région, reconnue pour sa bienveillance, son humanisme, sa modestie. Donc ce choix était une évidence. »
Pour sa part, le chef de Manawan, Sipi Flamand, a rappelé l’engagement de France Robertson : « France Robertson était une femme qui a inspiré beaucoup de jeunes de la région de Joliette et elle a aussi contribué à la lutte contre le racisme dans la région et aussi changé la perspective en faveur de la réconciliation. En cette journée hommage à France Robertson, c’est l’occasion de rappeler son histoire, son engagement pour la communauté. Je reconnais son leadership et sa résilience en tant que femme autochtone. »
Puis, c’était au tour de la maman de France, Jeannette Siméon-Robertson, également présente sur place : « Je suis heureuse, contente et reconnaissante envers vous, les gens de Joliette et les Atikamekw car elle parlait souvent de vous. Je suis à la fois contente mais aussi triste dans mon cœur de mère. France en a fait beaucoup pour vous, mais aussi pour moi. Quand j’ai été malade, c’est elle qui était là jour et nuit. Je peux vous dire qu’elle vous aimait beaucoup. Elle disait que sa deuxième famille était au Centre d’amitié autochtone de Lanaudière. De là-haut elle doit rire et se dire « Je vous ai eus! » Merci de tout cœur à tous. Son père ne pouvait être là aujourd’hui. Il fait dire que France vit toujours en nous. » Elle a par la suite invité sa famille et ses proches de Mashteuiatsh à se joindre à elle.
Pour Tanya Sirois, directrice générale du Regroupement des Centres d’amitié autochtones du Québec, France Robertson était une alliée de tous les jours : « Nous sommes très honorés d’être ici. France Robertson a vraiment laissé une trace incroyable dans l’amélioration de la qualité de vie des autochtones de passage en milieu urbain. Comme elle a travaillé plusieurs années à Femmes autochtones du Québec, elle avait à cœur les droits et la cause. Elle travaillait vraiment pour les gens sur le terrain. Elle favorisait le rapprochement, la réconciliation, le dialogue et c’était une personne incroyable avec qui on a eu beaucoup de plaisir parce que France était une vraie innue, qui savait rigoler. Elle reste dans nos cœurs et c’est un honneur pour tous ceux qui l’ont connue, de voir maintenant une rue à son nom à Joliette. France était beaucoup attachée à la ville de Joliette et au Centre d’amitié; elle a laissé un legs incroyable. »
Philippe Meilleur, président du conseil d’administration du Regroupement des Centres d’amitié autochtones du Québec, se souvient également de France : « On avait une relation de travail, mais pour moi, c’était comme une grande sœur. Ses opinions sur tout, aussi sur moi, son franc parler, je me souviendrai toujours. Peu importe le moyen ou la stratégie à développer, elle se préoccupait toujours du résultat concret sur le terrain, sur le comment cela pourra aider les gens. C’est quand elle est partie qu’on s’est rendu compte à quel point la communauté et le Centre dépendaient d’elle. C’était un véritable pilier. Elle a été hyper importante pour maintenir cette communauté en santé. Autre chose importante de France, c’est la recherche. France était visionnaire; elle voulait vraiment qu’on travaille sur un chantier de recherche. Bref, quand je me complique la vie, quand je réfléchis sur des stratégies, j’entends encore France me dire « Philippe, peux-tu prendre le chemin le plus efficace? » Donc j’y pense encore souvent. Merci France! »
Pour la directrice générale du Centre d’amitié autochtone de Lanaudière, Jennifer Brazeau, le souvenir est impérissable : « J’ai travaillé pendant longtemps avec France Robertson à Femmes autochtones du Québec et je suis très émotive aujourd’hui d’être ici pour l’inauguration de cette rue. Pour moi, c’est une journée qui me touche beaucoup. Quand j’ai commencé, j’étais réceptionniste. Je me croyais à ma place. Un jour, il y a eu la marche mondiale des femmes à Rimouski et France a dit « Jennifer, il faut que tu viennes, c’est important que tu vives ça, tu es aussi une femme autochtone ». France s’est battue pour que je sois présente. Elle était un pilier pour Ti-Guy, pour ses parents et enfants. Je ne suis pas la même que France, mais je continue son travail. »
À la suite de son intervention, Jennifer Brazeau a invité les personnes présentes à un petit goûter servi au Centre d’amitié autochtone, où les témoignages se sont poursuivis.