Édouard (Etual) Germain, Bernadette Raphaël et Marie-Reine Raphaël-Germain participent à une rencontre avec Monique Verreault lors de la cueillette des informations. (Crédit photo : Şükran Tipi)
Le 26 novembre dernier, l’équipe Tshitilniunnu, en collaboration avec la Société d’histoire et d’archéologie de Mashteuiatsh invitait la population à la présentation de la recherche : Eshk tshikanakuan kanamehtalk : Langue et territoire chez les Pekuakamiulnuatsh.
L’origine des résultats de cette recherche découle directement du projet Peshunakun et des recommandations des aîné.e.s d’aller chercher les valeurs et savoir-être qui sont au cœur de la relation des Pekuakamiulnuatsh avec le territoire.
À partir de plus de 60 entrevues (équilibre homme-femme – générations) et de différents groupes de discussion et d’ateliers de validation linguistique, la thèse, réalisée par Şükran Tipi, pour l’obtention de son doctorat en anthropologie linguistique, a mis de l’avant la parole des Pekuakamiulnuatsh. Elle a permis à la chercheure de faire un portrait de la territorialité des Pekuakamiulnuatsh et de leur famille, à partir de leur façon d’exprimer en nelueun le lien qui les unit.
Accueillie par plusieurs familles de Mashteuiatsh, Şükran Tipi a travaillé entre avril 2008 et automne 2012 comme employée de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, d’abord au secteur de l’Éducation et ensuite aux Affaires extérieures et au service PCT comme agente de recherche et chargée de projet au grand projet Peshunakun visant à documenter l’utilisation et l’occupation du territoire par les Pekuakamiulnuatsh. Elle a été en charge notamment de la documentation et la validation des toponymes issus du projet Peshunakun à partir des dictionnaires historiques de la langue ilnu et avec un comité de validation d’Aîné.e.s, processus dans lequel elle a été impliquée comme consultante jusqu’en 2017. Actuellement, Şükran travaille pour l’organisation Minwashin comme directrice du projet de revitalisation et de protection de la langue anicinabe.
La chercheure a donc contribué, par son travail de longue haleine, à démontrer la relation fondamentale avec un lieu ou avec le territoire à travers la parole des personnes qui en témoignent. Toute cette réalité est partagée dans leurs propres mots, dans leur propre langue, le nelueun.
Şükran Tipi a travaillé plusieurs années sur ce projet. Elle a créé, au cours de ces années, des relations privilégiées avec les Pekuakamiulnuatsh. La recherche, qu’elle a réalisée, est empreinte d’un grand respect pour les gens de Mashteuiatsh. C’est avec émotion qu’elle a présenté les résultats de son travail. Une recherche collaborative, réalisée pour et avec les Pekuakamiulnuatsh.
Au cours de sa présentation, Şükran Tipi a souligné la contribution de plusieurs collaboratrices et collaborateurs au sein de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, notamment de Michel Nepton qui a réalisé des cartes inédites sur le territoire des Pekuakamiulnuatsh; de Monique Verreault, de Stacey Bossum, d’Alice Germain et de plusieurs autres.
Les principes PCAP, ce qui signifie que les Pekuakamiulnuatsh conservent la propriété, le contrôle, l’accès et la possession des données et des résultats de l’ensemble de la recherche de la chercheure, sont respectés. Rappelons que le protocole de recherche des Premières nations au Québec et au Labrador a contribué à faire connaître et à faire appliquer ces principes.
Les données recueillies au cours du projet Peshunakun de même que la recherche appartient aux Pekuakamiulnuatsh. Tout ce matériel est facilement accessible et il est conservé par la Société d’histoire et d’archéologie de Mashteuiatsh. Cette banque de données représente une importante acquisition pour le Musée, qui peut s’en servir, avec le consentement des participants, pour raconter l’histoire des Pekuakamiulnuatsh, de leur famille et de leur territorialité.
Şükran Tipi avait comme défi de documenter cette vision actualisée et multidimentionnelle de la territorialité ilnu. La présentation que la chercheure a faite à la population de Mashteuiatsh, montrait bien ces liens étroits entre la langue, le territoire et la culture des Pekuakamiulnuatsh, ce qui les distincte, leur identité, notre identité.