La situation du nehlueun continue son déclin malgré les nombreux efforts mis de l’avant par la communauté, les entreprises, les individus, les familles. En une seule génération, la perte a été considérable et l’intérêt de la relève pour la langue est plutôt négatif.

Le projet Nimushuminanatsh Utilniunuau (Le vécu de nos grands-pères) initié par les familles Bégin-Launière aura fait un pas dans la bonne direction pour le nehlueun et pour d’autres volets qui s’identifient à notre culture. Inspirés du vécu de leurs grands-pères, Steve Launière et sa mère, Thélesh Bégin, désirent être des ambassadeurs significatifs dans la transmission des connaissances millénaires des Pekuakamiulnuatsh. Le projet consiste en un programme d’immersion en nehlueun se déroulant en territoire, dans un contexte naturel de transmission.

La toute première cohorte a été accueillie en territoire du 4 au 13 mars dernier et le projet tente d’assurer une permanence en organisant une cohorte pour chacune des cinq saisons que constitue une année. Durant ces dix jours, les 6 participants ont pu vivre une expérience très particulière en immersion. Rejoint à la suite de ces dix jours, M. Steve Launière s’est dit très agréablement surpris par l’intérêt manifesté par les premiers participants. « Tout s’est très bien passé même si une première cohorte demande de l’ajustement tout au long des dix jours » raconte M. Launière. « Il y a eu beaucoup plus de demandes que prévu, et nous devions limiter le nombre de participants à 6, tel que prévu initialement; on en a eu le double qui étaient prêts à vivre l’expérience, c’est très encourageant! » raconte-t-il.

Mais Steve Launière ne cache pas que les participants ont le réflexe naturel de sauter sur l’occasion de parler français quand survient une difficulté ou une incompréhension. « C’est probablement le plus grand obstacle à l’immersion quand on sait que tout le monde parle aussi français » ajoute Steve Launière. Selon lui, l’immersion crée un certain blocage, un certain inconfort qui est très compréhensible, compte tenu des pertes considérables des éléments de notre culture au cours des dernières décennies. C’est à cela que le projet veut remédier, du moins en partie.

La langue ne représente cependant pas le seul défi. Pour Steve Launière et son équipe, même si la langue demeure le point central, c’est l’ensemble de la culture qui fait l’objet de l’immersion, de la transmission. Ainsi, outre les échanges verbaux, chaque participant est invité à mettre l’épaule à la roue en participant aux différentes tâches quotidiennes qui facilitent la vie au camp. « Chaque participant et chaque transmetteur a collaboré étroitement à ce que les dix jours soient un succès à plusieurs niveaux » raconte encore Steve Launière qui se pose tout de même des questions sur le statut que l’on doit accorder à notre langue. « Comment faire en sorte de sauvegarder quelque chose d’aussi précieux en même temps que transmettre l’essentiel des éléments de notre culture dans un contexte d’enrichissement collectif. Le défi est de taille! »

Mais Steve Launière et son équipe travaillent d’arrache-pied pour que le projet demeure en place. Grâce notamment à une aide financière importante de Patrimoine Canada, les bases du projet ont été jetés mais les cohortes doivent se suivre au fil des saisons pour assurer une pérennité. « Il est grand temps de travailler sur la transmission de nos valeurs et c’est ce que le projet nous permet de faire » conclut Steve Launière.

Rappelons que le programme du projet Nimushuminanatsh Utilniunuau (Le vécu de nos grands-pères) s’adresse avant tout aux membres de notre Nation, mais il est également ouvert à toute personne qui a le désir d’apprendre le nehlueun, selon la disponibilité des places dans les différentes cohortes. Durant un tel séjour, plus d’une dizaine de transmetteurs viennent partager leurs savoirs et contribuent ainsi à la sauvegarde de notre culture.