C’est le défi qu’a relevé Frédérick Raphaël et sa famille sur leur territoire situé dans la réserve faunique Ashuapmushuan, avec l’accord de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, au cours d’une chasse dite « communautaire ». Ils ont invité le journal à assister à ce prélèvement lors d’une journée le 16 mars dernier.

L’accès à cette partie de territoire exige une centaine de km en voiture et une quinzaine de km en motoneige. Le territoire en question se trouve à l’intersection de la rivière Ashuapmushuan et de la rivière du Chef. Rendu sur place, les raquettes alignées, le camp principal, la peau d’orignal en tannage, etc. rappellent que nous sommes en territoire ilnu. C’est Frédérick Raphaël et sa conjointe Claudia Dominique qui nous accueillent pour un petit déjeuner. Une équipe de tournage d’APTN est également sur place.

D’entrée de jeu, Frédérick Raphaël et Metapeu Dominique se consultent et discutent de la stratégie à emprunter. Selon leurs dires, il existe deux « ravages d’orignaux » dans les environs et c’est à ces endroits que les orignaux se regroupent pour passer l’hiver. Il faut repérer le mâle, même s’il n’a plus de panache, puisque les femelles mettront bientôt leurs petits au monde. L’un et l’autre se regardent et leur assurance est évidente. Rien ne presse. Il faudra se déplacer en raquettes et en motoneige, repérer l’animal sans faire sentir sa présence, le surprendre et l’abattre. Mais ce n’est là qu’une partie du processus puisque, par la suite, il faudra le transporter vers le camp principal.

Avant de se lancer dans cette chasse, Claudia Dominique prépare le cœur d’un orignal abattu l’automne dernier, pour un prochain repas. Les hommes se préparent tranquillement avec la conviction qu’ils réussiront leur quête. Une première journée se passe et déjà, ils ont repéré l’endroit où se fera la chasse.

Le lendemain matin, les chasseurs sont fébriles. Non seulement ils doivent trouver l’animal et l’abattre, mais ils doivent répondre à une responsabilité qu’ils se donnent envers la communauté et c’est là toute la fierté qu’on peut lire sur leurs visages.

Frédérick Raphaël explique : « J’ai marché environ 8 km et j’ai trouvé le ravage vers 16 h. Comme j’étais mouillé, je suis revenu au camp pour me changer et pour chercher mon fils Metapeu pour lui dire où se trouve le ravage. Nous nous sommes rendus sur place et il est entré dans le boisé avec le vent dans le visage alors que j’attendais de l’autre côté. Au bout d’environ 25 minutes, l’animal était abattu. »

Pour la famille de Frédérick Raphaël, c’est un moment important. L’aboutissement de plusieurs journées d’efforts basés sur les sacrifices et sur l’idée soutenue d’apporter de la viande aux aînés de la communauté, mais le travail ne faisait que commencer. On connaît la suite : dépeçage, transport, visite des agents territoriaux, etc.

Pour le jeune Metapeu Dominique, c’est une chasse différente de celle du caribou. Il y a quelques semaines, ce dernier participait à une chasse communautaire qui s’est déroulée en territoire cri et qui permettait également d’apporter des vivres à la communauté. Il a également apprécié cette chasse, lui qui en connaît désormais tous les secrets.