On ne s’attendait à rien de moins! Soleil Launière a mis le paquet pour éblouir ses parents, amis, supporteurs et spectateurs lors de la soirée du 8 août dernier à Saint-Prime, près de Mashteuiatsh, lors d’un spectacle haut en couleur qu’elle a servi avec générosité et originalité. Pleine à craquer, la salle comptait bon nombre de ses admirateurs de Mashteuiatsh et du secteur.

Théâtre inspirant, danses endiablées, chants supportés par des paroles issues de ses influences ilnu, musique rappelant les pulsations du cœur, autant de médiums qui contribuent à faire rayonner l’art chez Soleil Launière. Derrière ses créations, on voit ses parents Rodrigue Launière et Louise Bergeron et leurs généreux sourires; on entend les mots choisis et prononcés à la manière de la poétesse Joséphine Bacon qui lui a enseigné l’innu-aimun. Ses chansons entremêlent le français, l’anglais, l’innu-aimun et une langue qu’elle a inventée tant son inspiration est grande.

Au sortir de la salle, des spectateurs littéralement emballés, éblouis, en recherche de mots pour qualifier ce qu’ils venaient de voir. Soleil Launière et ses complices ont véritablement offert un spectacle plus grand que nature, plus vrai que la vérité elle-même, et plus sensible et émotif que les plus grands bouleversements. Elle a trouvé les mots, les gestes, les moyens de communiquer ses racines, ses passions, son amour.

Au-delà de la prestation offerte en cette soirée magique, Soleil Launière présentait également un album Taueu qui regroupe une quinzaine de pièces soul roots aux tonalités post-rock, et un livre Akuteu qui signifie « suspendu » où les récits rencontrent les paroles de ses chansons, les mots choisis de son répertoire rare et spécial, inédit et insolite.

Le nom de Soleil Launière était sur toutes les lèvres au lendemain de cette prestation. Elle a su crier la femme jusqu’après sa mort : « Je suis vivante, même sous terre, je suis criante, même sans… Je suis criante même sans air » a-t-elle chanté après avoir nommé toutes ces femmes disparues, assassinées, emprisonnées, oubliées. Sans négliger les enfants, ceux de la terre, ceux de sa Nation, ceux de son sang. Elle a su reconnaître les siens dans ce public attentif aux moindres gestes, aux moindres paroles. Soleil Launière a su partager aux siens, les Pekuakamiulnuatsh, son amour pour son peuple, en plus de faire sentir toute l’importance de la Nation et sa contribution dans l’univers. Elle a compris l’empreinte qu’elle doit laisser, et ces paroles que seuls les membres de sa Nation sauront interpréter. Elle dira : « Où es-tu kukum quand je ne dors pas? Je suis la petite fille qui s’abreuve à ta parole. Tes mots m’enseignent le nutshimit… Ta mort me reconnecte au Nitassinan. J’ai déchiffré la carte dans les fentes de ton visage vieilli. Je deviens mon propre ancêtre. Je suis brindille qui pointe vers le soleil. »

Généreuse et reconnaissante, Soleil Launière s’est rapidement offerte à son public après sa prestation, retrouvant ainsi ses supporteurs de la première heure, au grand plaisir de ces derniers.

Bravo à l’équipe de Kamishkak’Arts et au Vieux-Couvent de Saint-Prime pour avoir permis cela; pour s’être inspirée du festival Atalukan qui, soit dit en passant, reviendra cet automne, du 17 au 21 octobre 2024.

Mille nouveaux rendez-vous qu’il faut surveiller et qu’il ne faut pas manquer!