Dès le lever du jour, aux premiers rayons du soleil, les matinales et matinaux étaient présents encore plus nombreux que par les années précédentes. Directement sous l’envolée des outardes et des oies blanches, les participants ont eu droit à des témoignages tantôt touchants, tantôt résilients. Pour la plupart, les femmes ont pris leur place, fières d’afficher leur couleur orange, comme en veut désormais la thématique.
Autour du feu bien alimenté et par une magnifique journée d’automne, c’est Claude Boivin qui s’est chargé de la cérémonie d’ouverture, celle du lever du soleil vers 6 h 30 du matin, avec les qualités qu’on lui connaît. Quelques tambours ont résonné dans un silence perceptible, rappelant les battements des cœurs. Une salutation aux quatre directions allait marquer le début de cette journée chargée de signification pour celles et ceux qui se souviennent.
Vers 13 h 45, une marche symbolique a eu lieu à partir de l’école Kassinu Mamu (ancien pensionnat) jusqu’au site Uashassihtsh, empruntant les rues Amishk et Ouiatchouan à Mashteuiatsh, pour arriver vers 14 h au mur de mushum, nouvellement reconstruit, où des pierres sont déposés en souvenir des survivants des pensionnats.
Tout au cours de la journée, des témoignages, des cercles de discussion, des poupées de guérison et une œuvre collective dirigée par la dynamique équipe de Kamishkak’Art. Et juste avant le spectacle du groupe Kashkun, un délicieux repas à l’outarde, au castor et au caribou à la manière de Margot Duchesne, toujours à la hauteur.
Entre deux, une conférence, et pas n’importe laquelle; celle de Anne Panasuk, anthropologue et journaliste, au sujet « Des petits enfants de lumières ». Elle est venue apporter un éclairage sur les nombreuses démarches que font les familles pour retrouver des enfants, des proches, disparus dans les années 60 et 70, dans les hôpitaux régionaux. En raison de maladies parfois mineures, les enfants étaient enlevés à leur famille pour gagner les centres hospitaliers et beaucoup d’entre eux ne sont jamais revenus. Les familles apprenaient leurs décès plus tard, et bien d’autres familles n’ont jamais su ce qu’étaient devenus leurs enfants. Des histoires d’horreur qu’il faut entendre pour mieux comprendre à quel point les familles sont fragilisées.
C’est donc dans des conditions climatiques de premier ordre que s’est déroulée la journée nationale de la vérité et de la réconciliation à Mashteuiatsh, dans un automne particulièrement chaud où les Pekuakamiulnuatsh aiment à se rencontrer, se revoir, s’apprécier.
À l’an prochain pour la prochaine édition!